Mosquée taguée à Contrexéville

07/01/2013 20:16

Nous avons appris hier, 6 janvier 2013, que la mosquée de Contrexéville dans les Vosges avait été la victime de tags faisant l'apologie du III° Reich et du Front National. On se souvient qu'en mai 2012, la candidate de ce parti avait fait un spot de campagne intégralement voué à son argumentaire contre l'abatage rituel hallal. On se souvient aussi qu'elle avait profité de la triste affaire Merah pour déclarer que "des milliers de Mohammed Merah" se presseraient à nos frontières, en désignant ainsi les migrants de confession musulmane. D'ailleurs, les propos de la même candidate, quelques mois auparavant, comparant les prières de rue islamiques (largement marginales) à une occupation militaire, restent encore dans les esprits.

D'après le quotidien Vosges Matin (page 5), c'est le matin du 5 janvier qu'un fidèle découvre le forfait. Les tagueurs, toujours d'après Vosges Matin, ont du perpétrer ce geste inqualifiable après 1 h du matin, heure de la dernière ronde des gendarmes.

"Est-ce un acte purement homophobe [sic] perpétré par des fanatiques, ou bien des petits voyous commettant un acte de vandalisme ?" s'intérogeait, auprès du journal, le trésorier Mohamad Akouah. Quoi qu'il en soit, il n'en reste pas moins "le sentiment d'indignation" bien légitime "qui prédomine au sein de la communauté".

Cette mosquée qui n'était utilisée que depuis le 20 juillet 2012 (date de l'entrée dans le mois de Ramadan) et dont l'inauguration officielle n'est d'ailleurs prévue que pour le 12 mai 2013 n'a de plus coûté aucun centime aux contribuables laïcards, comme tient à le rappeler Hassan Dia, président de la communauté musulmane locale : "Cette mosquée a été construite uniquement avec l'argent des fidèles. C'est injuste."

"Nous vivons en parfaite harmonie avec tout le monde : la mairie, les chrétiens et les voisins", rajoute encore Hassan Dia auprès du quotidien vosgien. On sent bien, par ce genre de justification, que les Musulmans victimes d'islamophobie, plutôt que de défendre leurs droits légitimes à la Liberté religieuse, font profile bas et cherchent à se disculper. Mais se disculper de quoi ? Ou pour le dire autrement : de quoi seraient-ils coupables ? Coupables d'avoir été vandalisés et insultés ? Ou coupables d'être musulmans ? Peut-être la rhétorique islamophobe est-elle si omniprésente que les Musulmans victimes d'actes sacrillèges ou insultants ont intégré l'idée que leur présence et surtout l'expression de leur foi seront toujours mal vus dans un pays qui s'est doté de la Laïcité comme Religion d'Etat ...

Pourtant, comme tient à le souligner l'imam, Abdallah Ettouji : "Ce genre d'actes incompréhensibles est d'autant plus incroyable que nous avons intitulé l'édifice religieux Atawda, signifiant repentir dans notre langue". Nous pouvons tous, de quelque Religion ou expression spirituelle ou liturgique que nous soyons, prier seuls ou à plusieurs à l'intention de la repentance des personnes qui ont commises un tel acte. Personnellement, étant Chrétien, de confession catholique, je dirais tout à l'heure un Angélus à cette intention.

Il faut noter une dernière chose, particulièrement effarante, qui concerne le traitement médiatique de cette affaire. Aussi bien dans Vosges Matin que dans le journal de France 3, l'on insiste énormément sur le caractère homophobe des propos écrits sur les murs de la mosquée. Un peu comme si, à l'approche de la Manif Pour Tous du 13 janvier à Paris (une manifestation pacifique contre l'homophobie mais surtout contre le projet de loi ouvrant le mariage, l'adoption et la pma aux couples homosexuels et légalisant ainsi le principe des mères porteuses, un projet vivement condamné avec force arguments par les responsables de toutes les Religions monothéistes), l'on souhaitait se livrer à une manipulation médiatique visant à faire passer pour néo-nazis ou islamophobes les opposants au projet Binet (dont d'ailleurs le Grand Rabbin Gilles Bernheim et le CFCM) ...

Pourtant, comme le rappelle Hassan Dia : "C'est surtout la phrase cruelle contre l'islam qui a touché les musulmans".